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Roland dans tous ses états
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Roland dans tous ses états
19 février 2010

Conrad, Au coeur des ténèbres

Une longueur de fleuve s’ouvrait devant nous et se refermait derrière, comme si la forêt avait tranquillement traversé l’eau pour nous barrer le passage au retour. Nous pénétrions de plus en plus profondément au cœur des ténèbres.  […] Nous aurions pu nous prendre pour les premiers hommes prenant possession d’un héritage maudit à maîtriser  à force de profonde angoisse et de labeur immodéré. Mais soudain, comme nous suivions péniblement une courbe, survenait une vision de murs de roseaux, de toits d’herbe pointue, une explosion de hurlements, un tourbillon de membres noirs, une masse de mains battantes, de pieds martelant, de corps ondulants, d’yeux qui roulaient… sous les retombées du feuillage lourd et immobile. […] Nous étions coupés de la compréhension de notre entourage ; nous le dépassions en glissant comme des fantômes, étonnés et secrètement horrifiés, comme des hommes sains d’esprit feraient devant le déchaînement enthousiaste d’une maison de fous. Nous ne pouvions pas comprendre parce que nous étions trop loin et ne nous rappelions plus, parce que nous voyagions dans la nuit des premiers âges, de ces âges disparus sans laisser  à peine un signe et nul souvenir.

Conrad, Au cœur des ténèbres

                     

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