Création légendaire du tribunal de Justice grecque, l'Aréopage.
Dans Les Euménides, Eschyle (526 - 456 av. J.-C.) fait intervenir Athéna pour procéder au jugement d'Oreste, qui a tué sa mère Clytemnestre, afin de la punir d'avoir exécuté son époux Agamemnon, père du jeune homme, et qui est pousuivi par les Furies.
Si l'on est d'avis que l'affaire est trop grave pour relever d'un jugement humain, moi non plus je ne me reconnais pas le droit de prononcer sur ce meurtre dans le feu de l'indignation. D'autant qu'après tout ta gourme est jetée : te voici venu en suppliant, purifié, sans dam pour ma demeure. Et de même envers ma cité tu es sans reproche, je t'en donne acte… Mais elles, de leur côté, ont des droits difficilement récusables, et si je ne leur accorde pas gain de cause, un jour viendra où le venin de leur dépit, imprégnant le sol de ce pays, sera pour lui une plaie corrosive, intolérable. Telle est donc la situation d'une façon comme de l'autre, que je m'incline ou que je les déboute, c'est épineux, car il m'en coûtera. Mais puisque c'est en ce lieu que l'affaire a été portée, je vais désigner un jury criminel, assermenté, et l'institution que je vais fonder là se perpétuera à jamais. (se tournant vers le Choeur, puis ves Oreste.) Vous autres, faites appel aux témoignages et indices probants, auxiliaires-jurés de bonne justice. Moi je vais trier les meilleurs citoyens de mon fief, et les commettre à trancher cette affaire selon la vérité.
Note du traducteur Victor-Henri Debidour :
Par une idée dramatique tout à fait remarquable, c'est le public même de la tragédie qui représente la foule des Athéniens. Il est cette foule même, devant qui nous est représentée en 458 l'inauguration légendaire d'une deses institutions réelles.
Editions De Fallois, Livre de Poche Classiques Modernes, Pochotèque, 1999
La colline de l'Aréopage, à Athènes.