Ernest Pignon Ernest expose au Mamac à Nice
Après l'horreur qui a endeuillé le 14 Juillet à Nice, il est plus que nécessaire de se nourrir de beauté et d'humanité pour continuer à espérer.
C'est ce que nous propose le Mamac, à Nice, et l'Abbaye de St-Pons, avec l'exposition d'Ernest Pignon Ernest, qui durera jusqu'en janvier 2017.
Hélas, mes photos ne sont pas belles, prises avec un téléphone peu performant en prise d'image. Mais elles peuvent donner une idée de l'exposition, rétrospective du parcours artistique et militant de l'artiste niçois, qui parle de ses "interventions" pour nommer sa façon de travailler et d'exposer son travail sur les lieux concernés par les thématiques qu'il traite, à la vue de tous, dans un espace public concerné au premier chef.
L'artiste, pionnier de l'art urbain (street art) montre actuellement à Nice des oeuvres originales sur papier, ainsi que des photographies d'oeuvres sérigraphiées sur leur site d'installation.
Pensée par l'artiste, cette exposition permet la découverte d'un processus de travail, l'exposé d'une démarche novatrice. Elle retrace l'ensemble d'un parcours qui exalte la mémoire, les mythes, la poésie, les révoltes, les personnalités hors norme. Offrant un aperçu des engagements sociaux et politiques de l'artiste toujours conjugué à ses exigences artistiques et ses dialogues avec l'Histoire de l'art et les grands artistes qui l'ont précédé, l'exposition témoigne des choix éthiques et esthétiques d'Ernest Pignon Ernest (extraits du document proposé aux visiteurs).
Il peut être intéressant de visiter le site officiel de l'artiste avant, pendant ou après avoir vu mes images (ou à la place) :
En référence à la Commune de Paris, 1971
En référence à l'exposition sur la prison Saint-Paul, Lyon (2012) (voir le post que j'ai réalisé au sujet de cette expo)
En référence à la lutte pour la contraception
En référence à une Madone, sur le port de Martigues
En référence au Caravage (la tête est celle de Pasolini à gauche)
La sexualité n'est pas absente de l'oeuvre. Femme avec le feu entre les jambes (légende Virgilienne), "Naples", 1994-1995.
En référence à l'exposition Cabines, 1997 et 1999
L'imbrication passé-présent, réalité et fiction se retrouve dans l'opération réalisée sur les cabines téléphoniques de Lyon et de Paris en 1996. Images d'humains quasi isolés dans ces blocs vitrés voués à la communication, apparaissent à la vue de tous, seuls, égarés dans une pseudo modernité froide, sans fraternité. Les dessins combinent la représentation contemporaine d'une figure accablée aux figures archétypes (sic) de l'art et créent une brèche interstitielle que viennent brouiller les reflets des lumières de la rue zébrant les corps.
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Invité à Soweto en 2002 pour travailler sur le Sida, Ernest Pignon Ernest imagine une pietà contemporaine inspirée d'une photo d'une émeute de 1976 devenue l'emblème visuel de la mobilisation anti-apartheid (de même qu'il se mobilisa à Nice à l'occasion du jumelage avec Le Cap) superposant deux combats, hier contre l'apartheid, aujourd'hui contre la pandémie, privilégiant la femme, de qui viendra selon lui le salut.
Rimbaud (photo prise sur internet)
"Je me saisis de l'image des poètes de la même manière que j'utilise les images mythologiques ou médiatiques comme des symboles, des mythes laïques, des icônes païennes. Leur portrait comme un signe culturel témoigne souvent combien ils ont incarné les aspirations, les drames, les tensions qu'ils ont traversées, combien ils portent les stigmates de leur époque. Leur image inséparable de l'empreinte et des résonnances de leur oeuvre, de leur vie et parfois de leur mort. Le typhus et la violence qui tuent Desnos à Tezerin, Nerval qui se tue dans la nuit "noire et blanche d' un Paris glacial, Maïakovski, Artaud, Pasolini ... On ne peut pas oublier cela quand on les découvre, figurés sur un mur, comme si leur visage disait leur destin... En tout cas, j'essaie d'oeuvrer à ça."
Il était, en quelque sorte fatal, qu'un artiste tel que E. P. E. multiplie les interventions par les rues et les murs des villes en compagnie des poètes irréductibles, capteurs de signes, porteurs de paroles, de révoltes, d'utopies, ceux qui, sans se payer de mots, ont voulu coûte que coûte, à la suite d'Hoderlin, habiter poétiquement le monde, et qu'il ne cesse de fixer avec eux des rendez-vous complices.
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Parcours Pasolini "Se Torno", Rome, 2015 Sur cette sérigraphie, Pasolini se porte lui-même.
En référence à Jean Genet. Rixe? Descente de croix?
En référence à Mahmoud Darwich (Algérie ou Palestine? 2009)
Parcours Jean Genet, port de Brest, juin 2006
Allez, pour me faire pardonner la mauvaise qualité de mes images, je vous renvoie à de bien meilleurs photographies de l'exposition :
https://artplastoc.blogspot.fr/2016/06/531-retrospective-2016-ernest-pignon.html
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