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Roland dans tous ses états
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Roland dans tous ses états
14 novembre 2021

L'Abaouaqou, conte des Mille et Une Nuits

 

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Pour contempler le paysage le plus merveilleux du monde il faut monter au dernier étage de la tour de la victoire, à Chittor. Il y a là une terrasse circulaire qui permet de dominer tout l'horizon. Un escalier en colimaçon mène à la terrasse et seuls osent monter ceux qui ne croient pas à la fable. Dans l'escalier de la tour de la victoire habite depuis le début du temps l’Abaoaqou, sensible aux valeurs humaines. Il vit sur la première marche et jouit d'une vie consciente seulement quand quelqu'un monte l’escalier. La vibration de la personne qui s'approche lui infuse vie et une lumière intérieure s’insinue en lui. En même temps son corps et sa peau presque translucide commencent à se mouvoir. Quand quelqu'un monter l'escalier l’Abaoaqou se place presque sous les talons du visiteur et monte en saisissant le bord des marches usées par les générations de pèlerins. À chaque marche sa couleur s’intensifie, sa forme se perfectionne et la lumière qui l’irradie est chaque fois plus brillante. La preuve de sa sensibilité réside dans le fait qu'il arrive à obtenir sa forme parfaite seulement à la dernière marche quand celui qui monte est un être spirituellement évolué. Autrement l’Abaoaqou reste comme paralysé avant d'y arriver, son corps incomplet, sa couleur indéfinie, sa lumière vacillante. L’Abaouaqou souffre quand il ne peut pas se former entièrement et sa plainte est une rumeur à peine perceptible, semblable au frôlement de la soie. Mais quand l'homme et la femme qui le font revivre sont pleins de pureté, l’Abaoaqou peut arriver à la dernière marche complètement formé et scintillant d'une vive lumière bleue. Son retour à la vie est très bref car, le pèlerin redescendant, l’Abaoaqou roule et tombe jusqu’à la marche initiale où, déjà éteint et semblable à une gravure aux vagues contours, il attend le prochain visiteur. Il est seulement possible de le bien voir quand il arrive à la moitié de l’escalier où les prolongements de son corps qui, tels de petits bras, l'aident à monter, se définissent avec clarté. Certains disent qu'il regarde avec tout son corps et qu'au toucher il rappelle la peau de la pêche. Au cours des siècles l’Abaoaqou est arrivé une seule fois à la perfection.

 

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« Le capitaine Burton* rapporte la légende de l’Abaoaqou dans une des notes de sa version des Mille et Une Nuits et si nous avons jugé bon de terminer le film par cette légende, c'est qu'il en est l’illustration. », commentent les deux cinéastes.

 

Conte lu en voix off  dans le film The Old Place, Anne-Marie Miéville & Jean-Luc Godard, 1998

 

Le musée d’art moderne de la ville de New York a commandé aux réalisateurs et co-scénaristes français Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville un essai sur le rôle des beaux-arts à la fin du XXe siècle. Ils ont produit un spectacle vidéo revigorant.
Dans la continuité des essais visuels réalisés ensemble par ces deux cinéastes depuis une trentaine d’années, Godard et Miéville utilisent The Old Place (le vieux coin) pour exprimer leurs philosophies personnelles.
Ce faisant, ils arrivent à donner voix à l’humanité dans son ensemble, posant des questions qui, parfois, n’ont aucune réponse concrète.

 

"L'image aujourd'hui n'est pas ce qu'on voit, mais ce qu'on lit, c'est la légende."
(JLG, 1998)

 

Chittorgarh (ou Chittor, Chittaur ou Chittaurgarh) est une ville du  Rajasthan, dans l'ouest de l’Inde l'Inde. C'est une ancienne capitale des Rajpouts  du Mewar . Farouchement indépendante, la ville possède le plus grand fort de l'Inde, le fort de Chittorgarh (280 hectares). 

Richard Francis Burton (1821 - 1890), explorateur. Sa traduction des Mille et une nuits (1885) obtint un grand succès et couronna sa carrière d’éditeur et d’écrivain orientaliste.

 

 

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Commentaires
P
Quand je suis allé au Rajasthan, je n'ai pas visité cette ville. Dommage !
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