Les Pouilles 10 : vers la pointe Sud : Lecce et le Salento
A Jackie et Lucien, avec qui j'ai longtemps partagé mes voyages
La côte Est du Salento, de Brindisi jusqu'à l'extêmité Sud du talon italien, à Santa Maria di Leuca, m'a beaucoup déçu. Présentée dans les guides comme la plus belle, je lui reproche de ne pas donner accès à la mer, les routes ouvertes au public suivant le plus souvent parallèlement le littoral à bonne distance de celui-ci pour la partie entre de Brindisi et Lecce, également d'être trop occupée par des villas et leurs jardins clôturés - évoquant quelque peu la côte de l'Estérel, la mer étant en outre peu susceptible d'être atteinte du fait d'un relief rocheux et du manque d'esaces publics.
Mais il arrive parfois que le voyageur passe littératement à côté des belles choses sans les voir...
Cependant, il est au moins un site agréable que j'ai pu visiter, se présentant comme une curiosité géologique :
Il se situe au lieu dit Torre sel Orso (Tour de l'Ours), l'une de ces nombreuses vigies qui, comme en Corse, permettaient de surveiller l'approche de navigateurs hostiles à l'horizon, tels les Mores.
Ce phénomène naturel se situe au Sud de Lecce (voir carte).
Il s'y trouve une roche sédimentaire très érodée, par le vent probablement, présentant des formes semblables à des bases de poteries ou ovoïdes (voir photo). Le lieu est jsutement nommé Rocca vecchia.
L' on accède facilement (mais en acquittant un droit d'entrée, en saison touristique) l'étonnante Grotta della Poesia, à ciel ouvert, dans laquelle l'on peut se baigner et même joindre la mer.
Et nous partons vers la belle ville de Lecce. Le gîte se fera dans un vieux palazzo justement appelé Centro Historico B & B.
Il date, dit-on, du XVI e siècle et est fort bien situé pour visiter la cité.
La capitale du Salento existait déjà à l'époque romaine. En subsiste le théâtre et l'amphithéâtre du IIe siècle situé au coeur de la cité.
Il pouvait accueillir 15 000 spectateurs.
La Piazza Sant'Oronzo, présentée comme le lieu le plus animé de la ville,était bien calme en cet après-midi.
Le palazzo del Sedile du XVI e siècle et qui fut le siège de la mairie jusqu'en 1851 (à gauche), est occupé maintenant par l'office du Tourisme.
Nous avons trouvé dans le centre historique un petit restaurant au décor plein de fraîcheur
L'on peut aussi y manger en terrasse.
On y mange la cuisine locale, à base des produits simples issus d'une cuisine de la campagne : pâtes, bien entendu, boulettes de viande sauce tomate, pois chiches, raviolis, ...
L'architecture est ici encore et peut-être plus qu'ailleurs un jaillissement de baroque.
L'église
Cette pierre est du tufeau.
Le surnom donné à la cité de Florence baroque est dû à la quantité et l'untité du style raffiné de ses monuments.
Les façades des palais, des églises et même de certaines maisons sont elles mêmes souvent très décorées de figures animales ou anthropomorphiques.
Il en résulte une certaine théâtralité dont résulte non le moins important charme de Lecce.
La place principale, la plus étendue en tout cas, est celle du Duomo, avoisinant des édifices anciens.
Sur sa gauche, un campanile de cinq étages à balustres de 70 m. de haut, le plus haut d'Italie, coiffé est d'un dôme.
Ce centre géographique de lecce paraît coupé du reste de la ville, seul un étroit accès flanqué d'imposants piliers y donne accès, passage pouvant autrefois être clos au moyen d'une lourde porte en chêne (qui n'est plus visible).
La façade du Duomo, appelé aussi Chiesa di Santa Maria Assunta, évoque un arc de triomphe et lui donne un aspect quelque peu théâtral.
Il s'agit en fait d'une façade secondaire montrant la statue de Sant'Oronzo, la pricipale, presque austère, étant sur le côté droit.
Sur le côté droit se dressent plusieurs monuments : le Palazzo Vescovile (palais épiscopal) et le Palazzo del Seminarioainsi bâti entre 1694 et 1709 par Giuseppe Cino, que le musée diocésain.
La nuit la lumière sur les pierres ocre créent une atmosphère des plus agréables :
L'intérieur du Duomo est très richement orné : stucs couvrant les nefs, sol dallé de marbre, autels richement sculptés ou polychromes ainsi que des oeuvres d'art créées entre le XVI e et le XVIIIe siècle, notamment par Giuseppe da Brindisi ou Giovanni Coppola.
Un superbe plafond en bois illustre la vie du saint patron (ci-dessus, détail).
J'ai été touché comme cette visiteuse par ce pochoir installé dans une fenêtre aveugle à l'extérieur, où se voit une Madone berçant dans ses bras une barque, peut-être celle d'un pêcheur, ou, mieux encore celle d'émigrants traversant la Méditerranée.
Nous y vîmes un rituel local étranger à notre connaissance, probablement s'agissait-il d'une fille s'apprêtant à sa marier, accompagnée de quelques ami(e)s vêtus d'une manière uniforme quant aux jeunes filles, portant un bouquet de fleurs d'où jaillissait un phallus érigé, sous la forme d'un godemichet. L'ambiance était très joyeuse.
Déambuler dans les rues semblait se promener dans un musée architectural.
Plusieurs portes (trois subsistent) fermaient la ville : ici, la Porta San Biagio (à confirmer).
Voici un motif que l'on peut souvent voir à l'angle des ferrures des balcons.
La Basilica Santa Croce est un véritable symbole du barocco leccese. Des personnages grotesques soutiennent le balcon sur lequel des petits angelots jonglent avec des couronnes. Des monstres,griffons, harpies et sirènes, se mêlent à des humains s qui semblent souffrir sous le poiddu balcon en pierre qu'ils soutiennent. La majeure partie de cette extraordinaire façade est l'œuvre de Giuseppe Zimbalo (milieu du XVIIe siècle) qui dessina la rosace et le fronton.
Chargée de symbolisme, la façade est divisée en trois parties distinctes. La section inférieure attribuée à Gabriele Ricardo est de style typiquement Renaissance, articulée autour de six colonnes classiques qui flanquent le portail, oeuvre de Francesco Antonio Zimbalo, et soutiennent un entablement richement sculpté arborant des femmes lascives, représentées le sein nu, et des lions.
À droite de la rosace les statues de Saint-Benoît et Saint Célestin à gauche rendent hommage à l'ordre religieux des Célestins qui commandèrent l'édifice au milieu du XVIe siècle.
Au-dessus, on trouve la deuxième section de la façade ainsi que la rosace, l'exemple le plus grandiose de décoration sculptée du style barocco leccese, réalisée par Giuseppe Zimbalo de Cesare Penna en 1646.
Tout en haut le tympan représente le triomphe de la Croix.
L'intérieur de style renaissance et tout aussi somptueux. La nef arbore un plafond à caisson. L'intérieur de style renaissance et tout aussi somptueux. La nef arbore un plafond à caissons doré, le maître hôtel est richement décoré de marqueterie de marbre, et le long des nefs latérales on dénombre 14 chapelles toutes plus ouvragées les unes que les autres.
La partie la plus somptueusement décorée est l'autel à six colonnes de San Francesco da Paola, signé Francesco Antonio Simbalo.
Nous arrivons moment d'un mariage.
Ces jeunes hommes semblent prendre un plaisir d'enfants à se saluer selon les normes de distanciation.
La mode est partout la même ; costume à pantalon étroit "stretch (?)" pour les hommes, les chaussures fermées pouvant se porter sans chaussettes ; courte barbe. Pour les dames, je ne connais pas la tendance du moment ; que l'on veuille m'en excuser.
De nouveau dans la rue, encore de belles façades attirant notre regard.
La chiesa Santa Chiara (Eglise Sainte Claire). Datant du XV e siècle, elle fut rénovée à partir de1687 sous la direction de Giuseppe Cino.
La décoration est très riche, voire très chargée.
San Matteo est un édifice exceptionnel : en effet, l'originalité de cette église réside dans la superposition d'une partie haute concave semblant venir d'une autre église sur la partie basse convexe. Elle a été inspirée par une église de Borromini, le grand architecte baroque à Rome : Saint-Charles des quatre Fontaines
Et nous voilà plus au Sud encore
Nous jetons un coup d'oeil à Otranto, un peu ressés par le désir d'arriver à la pointe Sud.
Le paysage laisse espérer au début de la matinée un espace naturel, sauvage, accessible.
Cela ne dure pas. L'Homme est présent partout où il a pu établir sa suprématie.
De fait, ce sera plutôt un paysage inaccessible ou humanisé, parfois non sans évoquer parfois le luxe délirant de la Côte d'Azur.
Parvenus à l'extrêmité du talon de la botte, Santa Maria di Leuca s'avère une petite station balnéaire ayant peu de personnalité.
La basilique Santuario di Santa Maria de Finibus Terrae est un important lieu de pélerinage offre, elle aussi, peu d'intérêt au voyageur.
Un phare blanc, une côte accidentée.
Sur la corniche, une statue de Padre Pio, honoré ici comme partout dans la région.
Et nous filons sur Gallipoli dont la vieille ville est reliée à la moderne par un pont enjambant la mer.
L'ancienne Kallipolis ("belle ville", en Grec) s'abrite derrière de puissants remparts.
C'est - paraît-il - une localité à la mode. Le centro historico est là aussi trop voué à mon goût aux boutiques à touristes.
Malgré cela, je cède à la tentation d'un plat de fruits de mer.
N. B. : Les commentaires pour ce post comme pour tout ce voyage ont été réalisés à l'aide des guides Lonely Planet, Petit fûté et Guide du Routard.
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Il y a quelques mois ou quelques années j'ai annoncé que ce blog cesserait ses activités au 1000 ème message, puisqu'il ne remplit pas mes objectifs qui étaient le partage et l'échange, faute de commentaires de la part de celles et ceux qui me font l'honneur de le consulter, à quelques exceptions près.
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