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Roland dans tous ses états
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Roland dans tous ses états
26 mai 2019

Portraits de campagne : les Pleureuses.

 

 La Britannique est arrivée un soir en pleurs, un peu terrorisée, habillée de manière hallucinante, mêlant des vêtements de coupes et de couleurs que l’on trouve généralement sur des enfants de moins de six ans, avec des chaussons à tête de canard ou de poussin ou de quelque autre animal de la sorte en relief sur les avant-pieds.

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Boulotte à tête rondouillarde et courts cheveux frisés, on eût pu en d’autres circonstances la trouver ridicule. C’est d’ailleurs ce que je ressentis à son arrivée et durant les jours suivants où elle parut dans des tenues offrant un éventail de variations sur le mode grotesque.

 

Elle m’entreprit à plusieurs reprises pour me conter ses malheurs, mais je ne comprenais quasiment rien à ses paroles, en Anglais mal articulé. J’en étais désolé, et j’avais beau le lui répéter, elle recommençait.

 

Quand son mari finit par venir lui rendre visite, il ne parlait à personne d’autre qu’elle. Loin de la chaleureuse famille de Léna qui invitait tout un chacun à venir à sa table partager les douceurs qu’elle lui apportait régulièrement, tous deux conversaient à l’écart en Anglais.

 

Au bout de quelques jours elle ne pleura plus et se vêtit d’une manière plus neutre.

 

La seconde est arrivée un soir aussi, en pleurs, le dos courbé en deux. On la soutenait pour marcher, une chaise roulante la suivait.

A son cou, une chaîne d’or qui, à mon étonnement, ne lui a jamais été dérobée. Elle portait la robe, ce qui, à l’exception de Marie-Pierre, n’était le cas de personne d’autre. Elle aussi tentait de communiquer, mais ses paroles inarticulées - conséquence de la prise de certains médicaments - l’en empêchaient.

 Ses larmes ont peu à peu cessé et son corps s’est redressé.

 

 Toutes deux exprimaient à leur arrivée une grande détresse et tentèrent d’accéder à un téléphone pour entrer en contact avec leurs proches, mais le horaires d’utilisation de l’appareil du Service étaient étroitement limités, et les détenteurs de portables les confiaient mal volontiers à qui n‘était pas de leur tribu. Moi même ne prêtais pas le mien car il était défaillant et je vivais dans la peur qu’il tombât en panne et me coupât à mon tour isolé du monde extérieur.

 

 

Que de vies malmenées par la maladie! Que de peur, que d’angoisse, que de solitude!

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