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Roland dans tous ses états
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Roland dans tous ses états
11 mars 2016

Parcours nocturne

 

Dans ce Monde où vit notre espèce si exclusivement nombriliste, les parcours nocturnes péri-urbains sont jalonnés de lampadaires, qui rabattent notre regard sur nos ombres portées au ras du sol quand l’on essaie de lever les yeux au ciel, aveuglé de lumière. Il est devenu extrêmement rare de pouvoir marcher le pas guidé par le seul contact du bitume sous la semelle, les yeux levés au ciel pour y voir les astres - étoiles, planètes, voie lactée.

Un jour - ou plutôt une nuit  - et même deux en fait - je fis l’expérience non voulue de me trouver dans la montagne où j’errai des heures en aveugle, chutant dans un ravin, me heurtant contre des arbres tombés à terre qui me jetaient au sol- puisque de bitume il n’était point question en ces lieux (Mais ceci a été une histoire ailleurs narrée).

Ce fut par contre une joie intense de pouvoir me promener ainsi quelques fois lors d’un séjour sur l’île de Ré, dans des rues désertes et totalement obscures mais balisées par la pâle blancheur des murs des propriétés, sans circulation ni bruit, le regard rivé au ciel à travers la trouée bordée par les ramures noircies des conifères.

Voir une étoile filante eût été pour ainsi dire le comble de l’extase, mais je dus me contenter de la traversée oblique d’un vol de nuit.

De retour au logis, une luciole en rase mottes - à moins que ce ne fût un ver luisant sur des échasses - me rappela qu’il fut un temps où ces minuscules étoiles tombées sur Terre éclairaient notre quotidien estival.

 

J’ai un réel besoin de tels moments d’intensité dans la solitude pour renouer le fil avec une partie de moi même - j’ai du mal à me trouver dans le théâtre de la Société - et ouvrir l’espace à mon imagination (jusqu’à, semble-t-il, parvenir à croire pouvoir écrire quelques lignes telles que celles-ci).

Sans oublier, bien sûr, en arrière-plan de la déambulation, la possibilité imaginée qu’il puisse advenir quelque chose dans ce moment ; la mort, notamment, reçue d’une ombre entraperçue fugitivement dans cette nuit choyée.

Une belle mort finalement, pour peu que rapide et sans souffrance.

Un peu d’adrénaline à peu de frais, en somme.

 

Les Portes en Ré, 1er Septembre 2015,

Hyères, 11 Mars 2016

 

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