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Roland dans tous ses états
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Roland dans tous ses états
13 juillet 2015

Retour définitif et durable de l'être aimé, livre d'Olivier Cadiot

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Comment évoquer ce livre? Peut-on même parler de récit, sinon de roman, de poésie mêlé? Il est composé de trois parties : Lapin fluo, Agent orange, Villa Einstein, écrites de petits paragraphes, ponctués de courtes phrases, parfois nominales, comme : "Cheveux d'or.", pu "Mon lapin fluo, mon antivache rétinienne, mon souvenir futur."

Parfois celles-ci laissent entrevoir des possibles dont on ne saura s'ils sont réalisés, tels : "Si l'on est menuisier", "Si l'on est dans un film de kiddnaping noir", "Si on est mathématicien".

Par ailleurs apparaissent de manière récurrent des phrases annonçant des projets d'écriture ; par exemple, "Il faudrait faire une étude", "Ajouter l'idée que quelqu'un qui pourrait être ma soeur, grande, pull over serré à torsades, ex-enfant dans l'adulte pas encore, yeux noirs placés au milieu des arcades à l'endroit pile où vous vous dites : Oui, c'est exactement là, bouche grande, mobile selon les situations, seins pointus sous polo serré, agitée, turban?"

A l'évidence la syntaxe est quelque peu peu bousculée par l'auteur.

Un autre intérêt du livre réside dans les références à un passé vécu - par l'auteur-narrateur, peut-être, ou faisant ressurgir des images (mentales ou visuelles - car il s'agit ici d'une écriture "cinématographique" en ce qu'elle peut avoir de serré, de descriptif, donnant à voir des scènes ou des images) qui résonnent avec un souvenir que vous ou moi  pouvons voir extrait de notre passé :

Dans ce bâtiment il y aurait eu idéalement des objets enfouis sous la poussière laissés un peu partout au dernier endroit où l'on s'en est servi, ça va être dur de maintenir cet état, le moment où les gens de la campagne imposaient leurs lois dans un quartier, poêle à charbon, sciure par terre, plat du jour, etc.

 

Les outils abandonnés, ça aide.

 

Fourchette tordue près d'une cantine en fer-blanc écrasée, marteau devant clou à demi planté, l'ancien devenu inutile mais qui tend les mains désespérément, comme une charrue rouillée au fond d'une grange, incendie? restructuration expresse du personnel? crise de l'énergie? épidémie? éruption d'un volcan voisin?

[On le voit, l'humour n'est pas absent de ce ... livre. Et ce, dès le titre : Retour définitif et durable de l'être aimé]

 

Les gens ont tout laissé tel quel.

 

On peut se douter qu'entre-temps d'autres gens sont venus pour fouiller au hasard, cherchant au départ des lingots sous les lattes, des diamants dans les lustres et, ne trouvant rien, envoient balader distraitement tout ce qui traîne en scrutant le plafond, espérant qu'un passage secret s'ouvrira vers la chambre du trésor, créant des catastrophes en chaîne sans le savoir, bousculent un monte-charge qui va effondrer lentement le parquet, un sac de vis tombe au ralenti dans un seau de graisse, etc.

 

Il neige.

 

On comprend mieux la perplexité des futurs chercheurs en histoire des techniques devant ce bric-à-brac, Messieurs ces vis sont dans ce seau pour une vraie bonne raison, etc.

 

Possible invention unique bloquée.

 

Juste avant l'abandon définitif du lieu, le gars résout le problème que personne ne lui a posé en se trompant de récipient, mélange la vapeur et l'huile, la menuiserie et crac, invente par erreur le moteur à explosion en 3mn, ils filent, les fenêtres s'obscurcissent, la poussière se durcit, tout prend la couleur du sol.

Outre qu'il y a une musicalité dans son écriture, Olivier Cadiot fait preuve d'une inventivité incessante, pour ne pas dire d'une imagination des plus fertiles et ses créations prêtent souvent à rêver ou à sourire.

 

 

Retour définitif et durable de l'être aimé, folio, 2002.

 

 

http://zone-critique.com/2015/02/08/un-instant-de-providence/

 

 

cadiot2007-Jean-LucGuérin-P

 

Poète et romancier, né à Paris en1956, Olivier Cadiot a écrit d'autres livres, comme un nid pour quoi faire, Roman, P.O.L., 2007, qui a été l'objet d'une mise en musique par Rodolphe Burger (leader de l'ex groupe Kat Onoma).

 

 

 Un lien vers le site Zone Critique, à propos de la publication de son dernier ouvrage 

http://zone-critique.com/2015/02/08/un-instant-de-providence/

 

Pour la dernière collaboration en date entre Rodolphe Burger et Olivier Cadiot :

https://dernierebande.bandcamp.com/album/psychopharmaka

 

"Après On n’est pas indiens, c’est dommage et Hôtel Robinson, le troisième volet des pérégrinations d'Olivier Cadiot et Rodolphe Burger est enfin prêt. Tête-à-queue, virages à 360°, romantisme et modernisme, lyrisme et fantaisie, décalage et résonances : Psychopharmaka passe la culture germanique au mixeur puis au shaker. Les deux promeneurs soniques ont embarqué dans leur drôle de voyage les habitués que sont Alberto Malo et Julien Perraudeau, mais aussi Rosemary Standley, tête de proue de Moriarty." 
Anthony Boile 

Rodolphe Burger : guitare, voix, sampling 
Olivier Cadiot : voix, sampling 
Julien Perraudeau : claviers 
Alberto Malo : batterie électronique 
Rosemary Standley : voix sur les titres 6.9 et 10 
Anna Aaron : voix sur le titre 1 
Julia Dorner : voix sur le titre 1

*

Fermer les yeux, se souvenir de lui, uranium dans cortex, borne blanche sur forêt noire, lapin fluo, radeau immobile au centre d'un lac, petite ampoule de maison loin.

 

*

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