Industriels de l'ignorance, résumé d'un article du Monde Diplomatique

Florent Lacaille-Albigès a publié dans le Monde Diplomatique du mois de Novembre 2014 un article qui m'a paru intéressant bien que concis, au point que je vous en propose un résumé.

Robert Proctor, professeur  d'histoire des sciences de l'université Stanford en Californie s'est servi des archives que les géants du tabac ont dû ouvrir en échange de contreparties financières et réglementaires. Il s'en est servi pour enquêter sur les immenses moyens déployés pour que la nocivité de leurs activités apparaisse le plus tard possible.

En février 2012, il publie un ouvrage (Golden holocaust. La conspiration des industriels du tabac) où l'on découvre l'énormité des mensonges et l'ampleur de l'influence des fabricants dans les médias, les domaines scientifique et culturel. Ces archives s’avèrent une mine d’or pour le journaliste Stéphane Foucart qui montre, dans le livre La fabrique du mensonge. Comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger, Gallimard, 2014, comment les industriels de l’amiante, de la chimie ou de l’agroalimentaire, ont prestement imité leurs collègues cigarettiers : publication des recherches biaisées sur le cancer, financement de travaux climato-sceptiques, dénigrement des chercheurs signalant les dangers des perturbateurs endocriniens, aide en tout genre aux études qui évitent soigneusement de parler des effets des pesticides…

L'objectif : fausser le débat démocratique en introduisant toujours plus d'éléments de doute dans le processus de défi.

Quelques années plus tôt, Conway et Oreskes (voir notule infra) avaient déjà souligné la cécité volontaire des conservateurs américains, opposés à toute intervention de l'État ; de nombreux représentants du parti Républicain ont rejeté les résultats scientifiques pouvant venir à l’appui de réglementations écologiques, leur distraction favorite consistant à comparer les environnementalistes à des pastèques : verts au dehors et rouges dedans. Dans leur discours, il ne valident les résultats scientifiques qu’à l’aune de leur utilité politique : il y aurait d'un côté la science solide utile aux industriels et de l'autre la junk science, au résultat idéologiquement dangereux. L'ignorance a de beaux jours devant elle.

Robert Practor a inventé l'« agnotologie », étymologiquement : la science de l’ignorance.

Conway et Oreskes (Wikipedia) :

Les Marchands de doutes (Merchants of Doubt en version originale anglaise) est un livre écrit par Naomi Oreskes (en) et Erik M. Conway (en), historiens des sciences américains. D'abord publié en version originale en 2010, il est traduit en français par Jacques Treiner et publié en juillet 2012 par les éditions Le Pommier1.

Le livre fait des parallèles entre les controverses sur le réchauffement climatique et des débats antérieurs, tels celui sur le tabagisme, les pluies acides et le trou dans la couche d'ozone . Oreskes et Conway écrivent que, dans chaque cas, la stratégie de base des partisans du statu quo est de « nourrir la controverse » en entretenant le doute et la confusion après qu'un consensus scientifique s'est établi. Les auteurs soulignent également que des scientifiques à contre-courant tels Frederick Seitz et Fred Singer (en) ont joint leurs forces à des think tanks et des compagnies privées afin de remettre en question le consensus scientifique sur plusieurs enjeux contemporains.

Robert Proctor

Stéphane Foucart

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