Etincelles de Christian Bobin 25
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Choses qui s’accompagnent d’une légère douleur : ne plus rien trouver à lire. Sortir de chez moi pour aller prendre un train. La poussée du lundi dans les dimanches soir. Le regard des vendeuses dans les boutiques de luxe, quand elles s’identifient à la rareté de ce qu’elles vendent.
p. 142
Je dirais : ne plus rien trouver à lire de passionnant, d’exaltant. Périodes du post lectionem animal triste qui guette après que l'on a été transporté par un livre. Au point que parfois l’on en ajournait la fin de sa lecture afin de la faire durer encore un petit peu plus longtemps.
La poussée des lundis, je m’en souviens fort bien, de ces dimanches en fin d’après-midi où l’angoisse du lundi gâchait le plaisir du film par lequel l’on tentait de l’exorciser !
Les vendeuses de luxe, oui : méprisantes créatures méprisables qui s’identifient au prix de ce qu’elles vendent.