Ces oreilletes qui m'agacent!
Pourquoi donc ces jeunes filles ou femmes qui portent des écouteurs aux oreilles me contrarient-elles ?
J’aurais été tenté de faire le rapprochement avec celles qui portent le voile, à la vue desquelles je m’agace, malgré ma raison qui me dit que cette réaction n’est pas justifiée.
Dans les deux cas pourtant, la cause me semble être le fait que ces femmes s’excluent du monde dans lequel je me trouve, partant m’excluent de leur univers.
Mais si je pousse un tantinet plus la réflexion, je sais bien que le voile relève l’appartenance à une religion.
Et pourtant… peut-être est-ce le fait qu’appartenant à une religion que je ne pratique pas, et qui a été parfois antagoniste à celle qui dominait dans la civilisation qui est la mienne, je regrette que l’on exhibe un signe ostentatoire qui signifie à mes yeux qu’il y a là un monde qui ne m’est pas ouvert. De même avec les porteurs de kippa ou les habits des juifs ultra-orthodoxes.
Allez savoir pourquoi je n’e ressens pas cet effet – c’est plutôt au contraire un mouvement de sympathie qui naît – avec les signes manifestant l’appartenance aux religions orientales ? Peut-être est-ce dû au fait que ces religions-là sont moins – apparemment –prosélytes ou agressives. Qui sait ?
Mais les porteuses d’oreillettes, c’est autre chose. J’imagine qu’une part d’entre elles se met ainsi hors de portée des hommes qui les importuneraient. Oui, certes.
Mais ce faisant je n’aime pas être considéré de facto comme tel, exclu de leur monde.
Avez-vous remarqué à quel point il est devenu rare de croiser un regard dans la rue ?
Or, quand je sors dans la rue, c’est aussi pour voir et entendre les autres.
Voir ; regarder ; entendre, écouter.
Sur la piste cyclable, une large flaque d’eau. Un seul passage étroit pour l’éviter, sur la gauche. En face arrive un cycliste. Je freine pour le laisser passer ; il me regarde, sourit et me remercie. Cela suffit à illuminer ma promenade.
*
*