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Roland dans tous ses états
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Roland dans tous ses états
3 octobre 2012

la nébuleuse de l'insomnie, Antonio Lobo Atunes

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La nébuleuse de l'insomnie

*

D'une traduction qualifiée de remarquable, qualité dont le titre est représentatif : O Arquipélago da insonia,  L'archipel devenu la nébuleuse - pour des questions de droits  - c'est - dit-on - le livre le plus abouti d'Antonio Lobo Antunes, médecin psychanalyste devenu écrivain de premier ordre.

*

*

En faire la glose est ici inutile, d'aucuns l'ayant déjà lnguement faite sur d'autres sites, et sans doute bien mieux que je ne la ferais.

Simplement, dire que dans ce livre-ci l'auteur utilise le récit selon divers points de vue, et notamment celui d'un autiste, qu'il parsème les longues phrases d'incises souvent répétées à l'identique tant que l'accent est mis sur un même personnage, et que, comme dans chacun de ses romans, l'on est emporté - si l'on adhère, évidemment - dans une espèce de fleuve en spirale qui me met, personnellement, dans une sorte d'état second - sorte d'hypnose? - extrêmement agréable. Que vouloir de plus?

*

Citer le texte demande une certaine dose de courage pour qui n'est pas très habile sur un clavier, car la beauté du texte se livre sur de longs empans, de plusieurs pages. Je n'aurai pas cette force nécessaire pour me soumettre à cette épreuve, malgré tout l'amour que j'ai pour mes nombreux lecteurs.

Cependant: comme des rocs par dessus lesquels saute le flot poursuivant sa course après avoir l'espace d'un instant été interrompu :

"et j'ai excusé les aïeux des photographies qui nous cherchaient dans la mauvaise direction, ma grand-mère incapable de m'attraper dans le clapier a apporté un petit tas de duvet dans sa main, moi en m'approchant de mon père

- Je suis là père

et malgré ses doigts sur mon front

- Je ne te vois pas

des gouttes contre le chéneau plus fortes que nos paroles et les premiers troncs sur la montagne subitement clairs, des châtaigniers et des acacias, les doigts de mon père déçus

- je ne te vois pas mon garçon

d'une voix que je ne lui connaissais pas et que ma mère j'imagine a dû entendre plus d'une fois là-haut dans le parfum des coffres

 -ne me laisse pas

avec le commis qui attendait, mon père ne la menaçait pas, ne s'emportait pas contre elle, juste

- Ne me laisse pas

et mon grand-père écoeuré

- Idiot

ma mère épiant le commis, épiant mon père, décidant

- J'arrive"


pages 76-77

*

les discours s'entrelaçant parfois plus serrés encore

(... elle croyait à la sérénité des nuages et à l'innocence du verger sans se rendre compte de la cruauté des arbres qui étouffent les oiseaux ou les livrent aux ch)

en me regardant de travers

- Il ne fiche rien celui-là

(ouettes, aux blai)

et en plus des salaires des factures à payer qui augment

(reaux ou à la chienne de mon grand-père qui disait adieu à sa retraite

- regardez moi cette misère


p 136

*

tandis qu'ailleurs la phrase perd ses verbes inexpressifs :

"et bien que ne ressemblant à personne moi un des vôtres également"


p 137

*

et toujours les motifs récurrents et le monologue intérieur mêlé au récit sans distinction typographique :

"pendant qu le parfum de coffres m'emplit de joie, aller un tout petit peu mieux et s'en retourner aux odeurs du jusant du Tage où une moitié de mouette s'assombrit dans la vase par la faute du pétrole ou du goudron, de temps en temps ce qui m'a l'air d'une cloche dans le bourg en train de fabriquer des novembres et les portraits qui grandissent et rapetissent au gré de ma respiration, mon Dieu ce que j'ai pu dessiner avec mes doigts sur l'haleine des vitres en hiver sans que personne n'ait jamais rien lu ..."

*

Bref, un roman merveilleux.

*

 

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