Julio Llamazares, la pluie jaune
Julio Llamazares, la pluie jaune, Verdier poche
Si Andrès revient un jour, ce sera sûrement pour voir un amoncellement d’arbustes et de ruines. Si jamais il revient, il trouvera les chemins fermés par les ronces, les canaux obstrués, les cabanes et les maisons détruites. Il ne restera rien de ce qui fut sien. Ni les vieilles ruelles. Ni les jardins de la rivière. Ni la maison où il vint au monde tandis que la neige ensevelisssait les toits et que par les rues et les chemins redoublait la tempête. Mais la cause de la désolation qu’Andrès trouvera ce jour-là, ce ne sera pas la neige. Il cherchera parmi les ronces et les poutres pourries. Il fouillera parmi les décombres et les murs anciens et peut-être trouvera-t-il encore une chaise cassée ou les ardoises de la vieille cheminée qui l’a chauffé tant de soirs quand il était enfant. Mais ce sera tout. Pas de portail oublié, aucune trace de vie. Quand Andrès reviendra à Ainielle ce sera pour savoir que tout est perdu.