une randonnée éprouvante
Tout commence en fin de matinée par la route des gorges du Cians
Le sentier s'élève au départ du Pré de Chaudi à 1300 m.dans les roches rouges de la Pinea
Les dernières traces d'humanisation s'estompent vers Giarons
Ici commencent les pâturages ... l'été, et le tracé se perd sous la neige
Au col de Giarons, à 1950 m., l'une des rares balises crée un effet rassurant, même à qui connaît fort bien l'itinéraire.
Le Mounier domine le village de Beuil
A l'Est, le dôme du Barrot et la Tête de Giraud à la forme volcanique
Puis les pâtures des Cluots m'entraînent vers le Sud
Suivre la ligne de crête amorçant la descente permet d'éviter le danger du devers
Parvenu au point le plus au Sud, j'utilise un raccourci évitant plusieurs heures de marche conduisant au-dessus de Pierlas. La neige est peu épaisse, je peux descendre sans danger pour rattraper le sentier à un col au lieu dit Le Challas à 1590 m., d'où il suit longuement les strates de pierre rouge jusqu'à rejoindre les gorges à la ruine du Moulin de l'Ablé... Normalement ...
Un petit groupe de chamois s'ébroue à cette arrivée plutôt insolite
Mais le tracé se perd dans les strates recouvertes de neige ... Plusieurs tentatives aboutissent au bord d'un à-pic. Lors d'une d'entre elles, mes raquettes perdent leur padhérence et je glisse. Je me rattrape à un massif de buis et dois déchausser pour tailler des marches dans la neige à coup de chaussures pour retrouver une surface un peu plus ferme.
Le jour décline cependant ; je décide de renoncer à terminer ma boucle et de refaire tout le trajet en sens inverse.
Voilà ce qu'il me faut remonter dans un premier temps : presque 400 m. de dénivelé! et avant la tombée de la nuit de préférence, car je ne me remettrai pas dans mes traces, mais couperai au plus court dans une neige que je ne connais pas.
Les chamois semblent s'étonner de mes manoeuvres ; cela fait plus de six heures que je marche maintenant
... la nuit tombe tandis que je m'élève ; je dois m'interrompre fréquemment car les muscles de mes jambes commencent à cramper
C'est comme une course contre la montre avec la nuit
Parvenu au haut de la pente, je retrouve mes traces avec soulagement. Maintenant, ce n'est plus qu'une question de temps. Je crois bien que je n'irai pas à l'Opéra ce soir comme prévu...
Parvenu sur la crête, les lumières des villages dans les vallées, une dameuse dans la montagne, le crissement des raquettes sous mes pierds, le léger écrasement de la neige à chacun de mes pas... le plaisir de marcher dans ces pas qui sont les miens et qui sont aussi ceux de cet autre que je suis devenu depuis la dizaine d'heures qui se sont écoulées depuis mon départ ...